• Exposition de la nouvelle cuvée de sculptures de Rudy Rahmé à l'Université de Balamand.

    Extrait de l'Orient le Jour-18 avril 2018

    « Il y a des idées qu’on ne peut sculpter qu’avec les mots, et des œuvres qu’on ne peut ciseler qu’avec les émotions », affirme l’artiste de Bécharré, qui expose sa nouvelle cuvée de sculptures, où l’écriture est reine, à l’Université de Balamand.

     

    "Né en 1967 à Bécharré, Rudy Rahmé a grandi sous l’influence de l’auteur du Prophète. Très jeune, il montre des dispositions artistiques qui lui vaudront des expositions précoces (à partir de 10-11 ans) ainsi que de nombreux prix de poésie, couronnés, en 1987, à 20 ans, par l’importante médaille d’or de Studio el-Fan. C’est décidé, il deviendra peintre et poète, comme Gibran ! Mais aussi, en plus, sculpteur, parce que c’est son expression artistique préférée. 

    Après des études à l’ALBA, il se spécialise en Italie à l’art de la fresque et de la sculpture à l’Académie Spenelli de Florence, puis en France à la Fonderie Coubertin Paris. De retour au pays, il créé une technique de fusain sur toile qui sera brevetée à Florence à son nom, mais s’attelle surtout à l’art sculptural. Il participe ainsi à de nombreux symposiums et expositions, au Liban et dans le monde arabe, qu’il présente souvent en parallèle avec des soirées musicales et poétiques.

     

     

    Bécharré, la Qadisha et les cèdres… 

    Comme Gibran, auquel il voue un culte puissant, Rudy Rahmé est donc un mystique. Comme lui, il est attaché à sa terre natale, sa vallée sainte et la figure du Christ… Et comme lui, il en tire l’inspiration de ses œuvres traduisant une vision humaniste et spirituelle de l’existence. « Le seul point sur lequel je diverge avec Gibran, c’est sa croyance en la métempsychose. Moi, j’ai une foi catholique plus traditionnelle », assure l’artiste, membre du comité Gibran Khalil Gibran. 

    Le sculpteur contemporain, à qui l’on doit l’effigie en bronze de Gibran Khalil Gibran de 6 mètres de hauteur à l’entrée de Bécharré, est d’ailleurs devenu en quelque sorte le portraitiste attitré de l’iconique auteur libanais. Ne ratant aucune occasion pour le célébrer, il a notamment participé à l’exposition Gibran qui s’est tenue en mars dernier au Petit Palais à Paris, en présentant les bustes de l’auteur du Prophète, et de sa Pygmalion et inspiratrice, Mary Haskell. 

    L’autre figure tutélaire du sculpteur serait aussi celle du poète Saïd Akl, dont il a reçu le prix en 2000. Et dont il a ciselé, en 2014, le cercueil, en pierre libanaise, des titres de ses plus emblématiques poèmes. Comme le chantre de la libanité, Rudy Rahmé est un ardent patriote. Nombre de ses œuvres évoquent la patrie, les Phéniciens, le Phénix, mais encore ces lettres qui dansent et forment des farandoles de mots sculptés et calligraphiés. Même si son studio, dans la région de Nahr el-Kalb, s’est agrandi ces dix dernières années jusqu’à devenir un domaine de 3 000 mètres entièrement consacré à la sculpture, la peinture et la poésie, et incluant sur le site même une fonderie, Rudy Rahmé passe toujours énormément de temps à Bécharré. Dans la vallée de la Qadisha, il dit trouver le calme et l’apaisement nécessaire à son inspiration. Président du comité de la Forêt des Cèdres, il a contribué à faire de cette réserve naturelle un musée à ciel ouvert en y sculptant ses arbres morts. Et notamment le fameux cèdre de Lamartine, âgé de 3 000 ans et touché par la foudre, auquel il a donné une nouvelle vie en y représentant le Christ en croix, sur une hauteur de 29 m, ainsi qu’une galerie de 102 figures humaines et animalières montrant la relation entre le temps et l’espace. 

     

    Monumental et hors modes

    Cette œuvre monumentale, qui demeure son plus bel exploit, figure dans le Livre Guinness des records. Car outre ses dimensions hors normes et les quatre ans de travail qu’a demandés sa réalisation, l’artiste a mis dans cette entreprise toute sa vigoureuse détermination à transcender la forme et la matière en expression spirituelle. Tout le monde l’aura compris : Rudy Rahmé n’est certainement pas homme à suivre les modes du jour. Son art à la facture classique célèbre avant tout le divin. Et s’il a signé un grand nombre de statutaires religieux, même ses œuvres profanes sont chargées d’une symbolique spirituelle, de ce quelque chose d’ardent qui fait danser les lettres gravées, vibrer les mains dressées vers l’au-delà, frémir les corps, en bronze, enchevêtrés… 

    Un souffle puissant que les visiteurs de l’Université de Balamand pourront retrouver dans les 80 œuvres en bois, pierre, bronze et poudre de marbre exposées jusqu’au 19 avril dans la galerie de l’établissement universitaire*, dont certaines de plus de 3 mètres de hauteur. "

    * Université de Balamand, jusqu’au 19 avril. Horaires d’ouverture : de 10h à 16h30. 

     

     

     


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